| BROUTILLE Auteur : Claude Ponti Editeur : Ecole des Loisirs Année d'Edition 1991 Fait partie de la sélection Cycle Thème(s) : nuit de l'enfant lune, Adele,... |
Présentation du contenu:
L'enfant lune fait que le rêve d'Adèle: la poupée sort en une fumée rose de son esprit, qui se nomme Broutille. Abigael (le pot de fleur sauvage), son ami l'attend. Broutille attrape des objets qui se promènent dans le ciel, elle lit alors un livre qui a envie d'être lue. Broutille rencontre la famille tapedru qui se tapent tellement dessus qu'ils deviennent plats comme du papier, Broutille en fait alors un livre qui hurle quand on l'ouvre. Elle lit aussi l'histoire d'un cornichon tellement curieux qu'il fut mangé. Plus tard l'enfant lune descend du ciel et explique comment elle a sauvé le monde, en bouchant avec son doigt dans un volcan sur terre pour garder la chaleur, mais la Terre a été se placer à côté du soleil, elle n'eut plus de problème pour la chaleur. Des fumées qui n'ont pas été assez aimées attaquent Broutille. Broutille finit par rejoindre Adèle.
Voici un livre que jai plutôt apprécié et pourtant c'est Ponti !!! Ca doit être le seul... J'ai trouvé un commentaire complet sur ce livre que je trouve bien fait, le voici...
Broutille : un livre dans un livre
Broutille est un petit livre de Claude Ponti, paru en 1991 à l’Ecole des loisirs, moins connu que ses séries d’albums. C’est un texte illustré, que l’on peut qualifier de "première lecture".
Broutille est une poupée née de l’amour que lui porte une petite fille, Adèle, par la magie d’une nuit particulière, la Nuit de l’Enfant-Lune. La poupée apparaît sur les toits de Paris où l’attend un ami, Abigael, un pot de fleur sauvage qui l’accompagnera tout au long du récit. Ils vont faire ensemble leur premiers pas de lecteurs, parcours au bout duquel ils s’épanouiront : Broutille sera apte à rencontrer Adèle, et Abigael à fleurir...
Tantôt inventés ou lus, les récits dans le récit s’y succèdent : l’histoire du livre qui a envie de se faire lire, celle du cornichon qui veut découvrir le monde, le conte étiologique de l’Enfant-Lune… On rencontre même "Grimm" qui narre le cycle de l’eau !
Juste après la rencontre de Broutille et Abigael, une scène étrange survient : passent dans le ciel nocturne de Paris les "choses qui font la vie". Spontanément, Broutille les attrape une à une, en commençant par l’arbre, symbole des plus riches et que l’on sait primordial pour Claude Ponti.
Broutille, comme pour venir contrecarrer le sens réducteur de son prénom, est en train de répertorier le monde dans un livre*. Avec son ami, ils se fabriquent un imagier : une page recouvre une représentation associée d’un nom. Ils s’attaquent distraitement à la grande problématique platonicienne du signifiant et du signifié : quel rapport le nom entretient-il avec la réalité ? Est-il arbitraire, naturel, culturel ?
Tous deux effectuent également un travail d’archivage colossal, par une opération mystérieuse où tout objet en trois dimensions vient s’aplanir en douceur sur les pages du livre. Broutille pourra alors légitimement s’écrier un peu plus loin : "Moi aussi, j’ai sauvé le monde. Je l’ai mis dans mon Grand Livre du Monde."
Bien entendu, cet effet de mise en abîme d’un livre dans un livre éveille le lecteur au pouvoir du livre, gardien du passé et de l’humanité.
La pédagogie de l’image
Si l’on s’intéresse à l’ouvrage créé par Broutille avec un regard ouvert sur l’histoire de la littérature de jeunesse, on peut effectuer le rapprochement suivant : Broutille s’invente et se fabrique un "Orbis Sensualium Pictus ", terme emprunté au livre de Johan Comenius, conçu quelques 333 ans plus tôt et dont le titre fut traduit par : Le Monde sensible illustré, ou Le monde sensible en images, Tableau du monde. Comenius a été un précurseur dans la pédagogie de l’image qu’il explique dans son ouvrage La Grande Didactique : "Les manuels doivent tout exposer de façon familière et populaire afin que les élèves y trouvent des éclaircissements sur toutes choses et puissent comprendre d’eux-mêmes, sans le secours du maître. (…) Les mots ne doivent être enseignés et appris qu’associés aux choses. (…) C’est donc à l’aide d’images qu’il faut commencer d’enseigner l’histoire aux enfants ".
Comenius et Broutille ont pour projet commun de représenter le monde, de le mettre en images dans un livre afin que l’exploration de ce dernier permette à l’enfant de connaître l’univers. Comenius, comme Ponti aujourd’hui, accorde une grande place à l’autonomie de l’enfant. Dans L’Orbis Pictus, l’enfant est invité à suivre un voyage raisonné au bout duquel il sortira initié des "choses qui font le monde", comme s’il avait réellement parcouru l’univers. Le livre de Broutille est plutôt d’une composition hasardeuse et ne passe pas en revue des notions abstraites comme celui de Comenius. C’est pour cela qu’on peut également le rapprocher d’un autre ouvrage pour la jeunesse, rédigé par Friedrich Justin et Charles Bertuch entre 1802 et 1807, le Portefeuille des Enfans, dont le titre complet est : Portefeuille des Enfans, mélange intéressant d’animaux, fruits, fleurs, habillements, plans, cartes et autres objets dessinés suivant des réductions comparatives. Le titre même juxtapose toutes sortes de composantes de l’univers comme Broutille les a recueillies.
Ce rôle de l’image dans l’apprentissage est donc depuis longtemps au cœur de la problématique de la pédagogie. Erasme, au 16e siècle, préconisait déjà l’illustration dans l’instruction de l’enfant : "Quant aux fables et aux apologues, il les apprendra plus volontiers et s’en souviendra mieux si on lui en présente les sujets sous les yeux, habilement figurés, si tout ce que raconte l’histoire lui est montré sur l’image. La même méthode sera également valable pour apprendre les noms d’arbres, d’herbes et d’animaux, en même temps que la nature propre à ces êtres, spécialement ceux qui ne se rencontrent pas partout...".
Elle prit encore de l’envergure quand les "Leçons de choses" furent intégrées dans la nouvelle école démocratique, au 19e siècle, et que les murs des classes furent recouverts de planches illustrées. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement d’apprendre le monde par l’image, il s’agit avant tout de former l’enfant à la lecture de l’image, principal outil de transmission et de communication dans le monde qui l’entoure.
Tout cela peut aider pour l'exposé de littérature de jeunesse si vous décidez de prendre ce livre à l'Oral... Bon courage...